Depuis la rédaction magistrale d’« En écoutant Haïtiando » en mars 2000 par l’ex-président Leslie François Manigat, l’article « Toujou sou konpa » publié en juillet 2014 par Vincent Joos dans les colonnes du quotidien port-au-princien Le Nouvelliste est, à mon goût, le meilleur que j’aie lu sur la musique haïtienne. Puisque aucun écrit humain n’est immuable comme la loi des Mèdes et des Perses, donc, évidemment, je n’ai pas été d’accord avec tout ce que M. Joos a si admirablement écrit. Alors, j’ai cru bon de jeter un coup d’œil de manière positive et objective sur son texte.
Dommage que, depuis la chute du président Fabre Nicolas Geffrard (en mars 1867), qui avait fondé en 1860 L’Ecole Nationale de Musique, nous n’ayons jamais eu aucun gouvernement, à part bien sûr celui de l’Honorable Dumarsais Estimé, à élaborer et à mettre en œuvre une politique culturelle, à étaler une vision culturelle au bénéfice de la jeunesse haïtienne! En vue d’atteindre son objectif, le Président Estimé s’était entouré de citoyens instruits tels que Jean Brierre, Jean Fouchard, Roussan Camille, etc. Les festivités marquant, en décembre 1949, l’ouverture de l’Exposition Internationale du Bicentenaire de Port-au-Prince en sont la preuve la plus éloquente. Avouons en toute objectivité que le général Paul Eugène Magloire, bon gré mal gré, avait aidé en fondant à Port-au-Prince un Conservatoire de musique d’assez bonne renommée. Pour le diriger, le Président Magloire avait fait appel au superbe violoniste et chef d’orchestre français Marcel Van Thienen. Parmi les professeurs, s’étaient distingués le compositeur néerlandais Karel Trow, les célébrissimes musiciens haïtiens Mme Carmen Brouard, Dépestre Salnave, Solon C. Verret, Micheline Laudun, etc.
Franchement, je ne peux m’empêcher de penser au brillant maestro Raoul Guillaume qui s’était lamenté sur notre musique de danse en ces termes: « Il est déplorable que le compas direct soit le seul genre joué de nos jours par les groupes musicaux du pays … Leur talent aidant, nos musiciens auraient dû explorer et exploiter d’autres styles tels que la candence rampa, le ibo, le yanvalou et surtout la méringue haïtienne… » (Entrevue de LCSJ avec Raoul Guillaume, 7 octobre 2004). Or, ce problème aurait pu être facilement contourné. Je pense rapidement à trois solutions, parmi d’autres. D’abord, chaque année, les autorités compétentes (ou le secteur privé) auraient pu organiser un concours de méringue haïtienne et un autre de chansons folkloriques. Seraient attribués aux gagnants des « Prix Ludovic Lamothe », « Prix Lina Mathon Blanchet », «Prix Antalcidas Murat », « Prix Augustin Bruno »… Ensuite, les producteurs auraient pu exiger des groupes musicaux l’incorporation au moins d’un morceau de méringue lente ou semi lente et d’un du folklore nationale (cela sans les jazzer) dans leur disque. Finalement, la Radio-Télévision Nationale pourrait offrir quotidiennement une émission dans laquelle, aux heures de grande écoute, seraient diffusées, avec des commentaires sérieux, de jolies pièces de méringue haïtienne et des autres types musicaux de notre terroir. Croyez-moi, notre jeunesse, si curieuse et si friande de savoir, finirait par s’y habituer et s’en délecterait.
Notifications